Ce protocole m’a permis de réalise une mesure par semaine environ, en 2021. Le résultat se trouve dans l’article dédié.
S’il y a traitement vermifuge, il est fait après le prélèvement de la semaine considérée.
Prélèvement (week end)
Prélèvement en différents endroits du crottin et si possible sur plusieurs crottins (de moins de 12h) quelques grammes (à l’aide d’une fourchette). Le prélèvement est fait à l’intérieur du crottin, pas en surface (moindre exposition à l’oxygène et aux influences extérieures). Il est mis dans un tube Falcon 50mL, masse totale de crottin entre 10 et 20g.
Stockage emmène au labo le lendemain. Les échantillons sont réfrigérés la nuit, mais transportés et stockés à température ambiante en attente de l’analyse que je fais dans la journée. Le stockage est fait directement dans les tubes de préparation ne permet pas un stockage anaérobie, mais est un gain pratique très appréciable.
Analyse (lundi) Les tubes contenant le crottin sont pesés (détermination de la masse de crottin). J’ajoute 30 mL de solution de chlorure de sodium (sel de table) saturée. J’utilise un vortex de laboratoire pour bien homogénéiser. Je fait couler le liquide directement du tube dans la cellule de McMaster.J’attends quelques minutes. Je compte sous le microscope (objectif 10x) le nombre d’œufs.
OPG = nombre d’Œufs Par Gramme = nombre d’oeufs comptés sous une grille x100x2/masse de crottin
Remarques
Le protocole de Mc Master initial est une dilution de 1g de crottin dans 15mL de solution salée à saturation (voir par exemple la fiche coproscopie de l’IFCE). Comme je ne veux pas manipuler le crottin une fois mis dans le tube, j’utilise la masse collectée totale « m » (entre 10 et 20g), mon échantillon sera donc « m » fois plus concentré que ce que recommande le protocole initial. Pour arriver à l’homogénéiser dans la solution de flottation, 15 mL ne suffisent pas, mais 30mL conviennent à peu près (dilution 2x par rapport au protocole initial – le mélange reste assez dense). La formule modifiée, donnée ci-dessus, tient compte de tout cela.
Ce protocole minimise la manipulation du crottin après prélèvement initial (moins d’odeur, moins de nettoyage, préparation plus rapide….)… en bref, cela le rend tenable dans mon emploi du temps.
Matériel
Cellule de Mc Master Eggzamin – 31 dollars frais de port inclus. Un microscope. Tubes Flacon 50 mL (consommables de laboratoire). Un vortex (équipement de laboratoire) (ça secoue les tubes pour mieux mélanger). De l’eau et du gros sel.
Tout commence en mars 2021. J’ai repris les chevaux à la maison en juillet 2020 et suis de nouveau maitre à bord de la gestion sanitaire. La vermifugation de décembre 2020 avait donné des masses de petits strongles adultes dans les crottins, et me voilà au printemps de l’année suivante, à m’interroger sur mon planning de vermifugation. L’idée étant de ne pas emmener dans mes nouveaux parcs « propres » un sur-parasitisme acquis en pension.
Maintenant que je peux de nouveau gérer l’environnement de mes chevaux, la vermifugation raisonnée sur coproscopie reprend tout son sens. Sauf que collecter du crottin pour l’envoyer par la poste à un labo d’analyse, c’est un peu une punition. Et puis ça crée chez moi la frustration d’avoir une vision bien trop ponctuelle de la situation parasitaire. Un petit tour sur internet me fait prendre conscience que la coproscopie, par la technique de Mc Master, est tout à fait à ma portée. J’ai le microscope au boulot, manque juste la cellule de comptage. Qui au premier abord semble couter une fortune… jusqu’à ce que je découvre une version plastique (acrylique) commercialisée par la société américaine Eggzamin, qui vend sur Amazon (dont j’ai un usage minimaliste, lié au fait que parfois on ne trouve pas ailleurs).
Une fois équipée, je me dis que c’est une intéressante occasion de voir ce qui se passe au fil de l’année, et décide de me livrer à une mesure par semaine. J’ai un peu adapté le protocole pour minimiser la manutention de crottin, protocole qui semblera s’avérer satisfaisant par la suite, et qui rend tenable mon petit projet.
Premier constat en mars : le taux d’excrétion des œufs des deux chevaux est radicalement différent. Très vite, je me retrouve à vermifuger K. Au pyrantel, qui semble efficace au vu des coproscopie des semaines qui suivent. Ce n’est que trois mois plus tard, que je vermifuge I. Puis de nouveau, le taux de comptage remonte en flèche pour K, que je vermifuge au fenbendazole. Mais là, sous dosage (j’avais une version en poudre pour 500kg et pas une seringue pour 600kg) ou bien résistance, les analyses montrent que si l’excrétion a transitoirement diminué, elle remonte vite ensuite. Trop vite. Si je veux limiter la contamination de l’environnement selon le seuil des 200 opg, je dois re-vermifuger. La situation n’étant pas pour autant dramatique (aucun des chevaux ne montrera jamais aucun symptôme durant cette année 2021), je décide de prendre le temps de tester une version commerciale d’un « régulateur de parasitisme », au miel et aux huiles essentielles. C’est conseillé « à la pleine lune », et bien que je n’y croie pas du tout, je m’y tiens. Pendant ce temps-là, le taux d’excrétion continue de monter.
Le traitement donnera un effet très transitoire, avec une baisse d’excrétion à 48h mais un retour à une forte excrétion dès la semaine suivante. Je vermifuge au pyrantel 15 jours derrière, après une coproscopie de contrôle ayant montré l’inefficacité du « régulateur ». I, quant à lui, reste faible excréteur, avec une lente augmentation du taux d’excrétion à partir de l’automne. Une troisième vague d’excrétion se profile également pour K. Je vermifuge à l’ivermectine + praziquantel au 12 décembre 2021, pour éliminer tænia, gastérophiles, et faire l’inventaire de tout ce qui voudra bien sortir. Uniquement des petits strongles adultes (vermicelles blancs), en l’occurrence. En assez grand nombre, et de manière surprenante, bien plus nombreux chez I qui au jour de la vermifugation présentait un taux d’excrétion similaire à K. L’expérience devrait se poursuivre en 2022, pour voir si la situation se stabilise à la baisse et si le parasitisme de K est dû ou non au relargage de petits strongles enkystés. Les chevaux sont sur 2,5 hectares de parcelles, exploitées en pâturage au fil avant/arrière la majeure partie de l’année (sauf hiver, pas de fil arrière). 1 à 2 passages par an sur chaque parcelle.
Bilan de l’effet des vermifugations 2021
Vermifugation de fin d’année – bilan
Vermifugation à l’ivermectine + praziquantel de fin d’année (12 décembre 2021) :
objectif principal : vermifuger contre le taenia et les gastérophiles, le cas échéant.
objectif secondaire, voir « ce qui sort » : quantité de petits strongles, présence ou d’autre chose, en particulier de taenia.
12crottins/cheval environ, examinés, émis entre +6h et +30h après vermifugation (temps de transit estimé à 36h, j’ai pu en louper un peu, mais normalement pas trop) :
Uniquement des petits strongles adultes (blancs)(les larves, hématophages, sont supposées être rouges). Pas de tænia, pas de gastérophiles, pas d’autres vers (grand strongles, ascaris…).
Les crottins à J+30h semblent moins parasités, la majorité à donc du sortir.
Sur K : plusieurs crottins avec quelques dizaines de strongles visibles.
Sur I : la très grand majorité des crottins avec plus d’une centaine (?) de strongles visibles (difficilement dénombrable, mais « beaucoup ») dans chaque. Je ne me rappelle pas une telle quantité de vers dans les crottins par le passé, sauf fin 2020 où c’était pire (les 2 chevaux avec des centaines de petits strongles dans les crottins pendant 2 ou 3 jours).
Ce que j’ai appris
K est plus fort excréteur que I
Le pyrantel est efficace sur la souche de strongles en présence (réduction opg>98% et ERP > 6 semaines).
Le fenbendazole ne l’est pas (souche résistante ? Ou sous dosage non souhaité/souhaitable) : réduction <85% et ERP < 4 semaines.
Le « régulateur de parasitisme » au miel et huiles essentielles est inefficace : faible diminution du taux de comptage le lendemain, et remontée 1 semaine après.
Être faiblement excréteur (I) ne veut effectivement pas dire être moins parasité qu’un plus fort excréteur (K).
Aucun des chevaux ne présentait de signe de parasitisme.
La question de l’origine des petits strongles reste posée : désenkystement d’une contamination dans les années antérieures ou bien conditions de vie de l’année 2021 (2 chevaux, plus de 2 hectares dont la majorité n’a pas vu de cheval avant qu’on y arrive (septembre 2020) + pâturage tournant au fil).