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Optimiser la nutrition 1/3 – Analyser les apports existants

Analyses de fourrage

Hypothèse de départ : régime alimentaire herbe seule en été, moitié herbe et moitié foin en hiver.

J’ai donc fait analyser l’herbe de ma plus grande pâture 2021 et mon foin d’hiver. Le laboratoire d’analyse est un labo anglais, Forage Plus, recommandé par le groupe ECIR (ressources pour gérer les chevaux IR ou Cushing). Une amie m’indique après coup le laboratoire français Lano.

J’ai fait une analyse sur la teneurs en macro et oligo éléments uniquement, dans l’idée d’évaluer la pertinence d’un apport CMV.
Je n’ai pas demandé d’analyse sur le teneur glucidique (utile si on a des chevaux IR ou Cushing) et la teneur en protéine. La raison est que cela va beaucoup varier selon la saison (pour l’herbe),et selon les conditions de récolte (pour le foin). L’information ne serait pas inutile en soi, pour se faire une idée, mais le bénéfice versus le coût m’a fait renoncer. Il est toujours possible d’avoir une estimation via les tables de l’INRA.

Les résultats sont donnés ci dessous. En vert l’apport est correct, en bleu insuffisant, en jaune excès non problématique. Le rouge indique un problème éventuel.

Analyse herbe et foin 2021 (clic droit « ouvrir l’image dans un nouvel onglet » pour l’avoir plus grand).

Remarques

  • la faucheuse était rouillée ou quoi ? (apport en fer 5 fois plus important dans le foin par rapport à l’herbe). Le foin provient d’une parcelle à 10 km de la parcelle en herbe.
  • mis à part le fer, les autres valeurs sont assez similaires, et reflètent je suppose la nature du terrain local.
  • l’apport en manganèse est conséquent.
  • l’apport en cobalt est suffisant.
  • l’apport en cuivre, zinc, sélénium est insuffisant, ce qui est une situation très répandue (les chambres d’agriculture d’un peu partout recommandent aux éleveurs de complémenter).
  • la carence en Cu et Zn associé à l’excès de manganèse mets le bazar dans les ratios recommandés.

Première conclusion : un CMV serait à priori pertinent.
Il me faut trouver un CMV sans fer, sans manganèse et sans cobalt.

Optimiser la nutrition – Apport minéral recommandé

La nutrition est un des piliers de bases de la longévité en bonne santé, pour le cheval comme pour l’humain. Chacun dédaignera le sujet à ses risques et périls.

Minéraux principaux (macro-éléments)

Apport minéral recommandé – macro éléments

Minéraux oligo-éléments

Apport minéral recommandé – oligo éléments

Apports en minéraux – ratios recommandés

Apports en minéraux – ratios recommandés

« Dans l’espèce équine, cependant, peu de ces interactions ont été vérifiées, et il se peut qu’elles n’existent pas ou qu’elles soient quelque peu différentes. D’un autre côté, il fait sens de prendre en compte la possibilité d’interactions entre les aliments et la disponibilité des minéraux lors de la formulation de rations, même si certaines de ces interactions n’ont jamais été démontrées chez les chevaux. »

Traduit de : Bioavailability of Minerals in the Horse, 2006

Bibliographie

[1] E. Kienzle et N. Zorn, « Bioavailability of Minerals in the Horse », p. 7.
[2]J. Pagan, « MICROMINERAL REQUIREMENTS IN HORSES », févr. 2022.
[3] R. J. Geor, M. Coenen, et P. Harris, Equine Applied and Clinical Nutrition: Health, Welfare and Performance. Elsevier Health Sciences, 2013.
[4] E. M. Kellon, « Iron status of hyperinsulinemic/insulin resistant horses. », Horse health nutrition: Third European Equine Health & Nutrition Congress, Faculty of Veterinary Medicine, Ghent University, Merelbeke, Belgium, 17-18 March, 2006, p. 90‑92, 2006.
[5] D. Reiwald et J. L. Riond, « [Copper and zinc in animal feed for the adult horses in Switzerland] », Schweiz Arch Tierheilkd, vol. 144, nᵒ 10, p. 545‑548, oct. 2002, doi: 10.1024/0036-7281.144.10.545. EN FRANÇAIS.

Optimiser la nutrition – Apport vitaminique recommandé

Les vitamines A, D, E et K sont liposolubles, elles peuvent être stockées dans les réserves de graisse et le foie de l’organisme pour une utilisation ultérieure.
La vitamine C et les vitamines B sont hydrosolubles. Ces vitamines doivent être fournies en permanence, soit par l’alimentation, soit par synthèse dans l’organisme. Elles ne sont pas stockées dans l’organisme.

Pluie, vent, froid : le cheval dehors en hiver

Zone de confort thermique (en saison froide)

Les chevaux acclimatés sont normalement à l’aise à des températures comprises entre -8 °C et +15 °C, sans vent, s’ils sont au sec.

Il faut regarder la température ressentie (qui tient compte de l’effet du vent).
Si le poil est aplati et que le cheval est mouillé jusqu’à la peau, le poil ne fournit plus d’isolation thermique.

La résistance à la pluie (le sous poil reste sec et/ou le poil mouillé reste « gonflé » et tient chaud quand même) dépend de la qualité de poil de l’individu.

La température inférieure en dessous de laquelle un cheval a besoin d’énergie supplémentaire pour maintenir sa chaleur corporelle est estimée à :

  •   5 °C avec un poil d’été
  •  -8 °C avec un poil d’hiver.

En l’absence de vent et d’humidité, les chevaux tolèrent des températures jusqu’à -20 °C, s’ils sont acclimatés, en état, et avec un bon poil d’hiver.

Nourrir plus ?

La digestion, l’absorption et l’utilisation des céréales ne produisent pas autant de chaleur que la fermentation microbienne du fourrage. C’est la digestion du fourrage qui augmente la fermentation microbienne et garde le cheval au chaud. Le cheval devrait avoir accès à du fourrage à volonté (toujours). S’il fait froid, on verra la consommation augmenter. Nourrir « plus » revient alors à s’assurer que le fourrage est bien à volonté, et que sa qualité est suffisante (bon foin, pas seulement l’herbe d’hiver).

Recommandations usuelles

Il faut couvrir et/ou fournir un abri (et s’assurer que du bon fourrage est à volonté)  si :

  • Il y a un risque que le cheval soit mouillé longtemps (pluie froide, glace et/ou pluie verglaçante). Par exemple en cas de pluie de longue durée à 5°C.   
  • Aucun abri n’est disponible et la température ressentie descend en dessous de -15°C.
  • Le cheval n’a pas de poil d’hiver ou qu’il n’est pas suffisant.
  • Le cheval n’est pas acclimaté au froid et/ou s’il n’a pas passé un hiver dehors depuis longtemps.
  • Le cheval n’est pas en état (pas ou peu de réserve de gras).

Le cheval doit pouvoir se coucher pour dormir, dans une zone idéalement sèche et thermiquement isolée, ou par défaut sur une zone herbeuse certes humide mais pas remplie d’eau.

Le poil d’hiver

Le cheval continuera à développer son poil  d’hiver naturel jusqu’au 22 décembre (solstice d’hiver).
Les chevaux commencent à perdre leur poil d’hiver et à former leur poil d’été lorsque les jours rallongent, à partir du 23 décembre.
Une couverture avant le 22 décembre diminue la production du poil naturel d’hiver.

Sur un cheval avec un bon poil d’hiver, la neige ne fond pas et l’humidité due à la pluie met du temps à sécher, car le cheval est bien isolé thermiquement. Par ailleurs, le sous poil reste sec longtemps  en cas de pluie.

Utiliser une couverture

  • Vérifier qu’elle ne blesse pas (cela peut aller très vite – moins d’une journée – méfiance avec la première utilisation d’une couverture neuve).
  • Vérifier fréquemment l’absence de problème de peau (parasitisme).
  • Évaluer à chaque occasion sa résistance à la pluie.
  • Les couvertures sans garnissage ne jouent plus leur rôle une fois gorgées d’eau (poil mouillé et aplati dessus = zéro isolation thermique).
  • Les couvertures avec garnissage tiennent encore chaud, même mouillées (dans une certaine limite) mais gare aux problèmes de peau si des moisissures se développent.
  • J’ai fréquemment couvert mon cheval trempé de pluie (avec couverture à garniture) sans conséquences néfastes : il sèche dessous.
  • Si le cheval porte une couverture plusieurs jours consécutifs (une semaine ?), il perd son acclimatation au froid.

Les deux inconvénients majeurs sont :

  • le risque de blessure
  • le manque d’adaptation dynamique à de grosse variations thermiques en une même journée.

Un abri trois cotés fournit la même protection thermique qu’une couverture, tant que le cheval est dessous.

Conseil aux novices : une couverture s’accroche d’abord devant, puis les courroies de cuisses, puis les sangles ventrales. Et inversement pour l’enlever. Le plus important est l’accroche avant : c’est ce qui empêche la couverture de glisser inexorablement en arrière (péril, si le reste est attaché).

Le cheval apprécie-t-il d’être couvert ?

Medjel et all, concluent dans une étude de 2019 au protocole remarquable (ils ont demandé aux chevaux…) que les chevaux  apprécient une couverture quand la météo est défavorable (ce qui correspond à mon expérience personnelle).

Conditions météo% de chevaux préférant avoir une couverture
-10°C (sans vent)85%
+5°C (sans vent)50%
+10 °C (sans vent) 5%
+20 °C Aucun
pluie à  10 °C +vent modéré (20-30 km/h) > condition courante chez moi, correspond à  une température ressentie de 7°C + pluie 80%
pluie à 6°C + vent 50km/h ( c’est beaucoup de vent ) 100%
Préférences des chevaux selon la météo, d’après l’étude de Medjel et al (2019). Chevaux de l’étude : warmblood « type sport » et cold blood « type trait ».

Mon choix de gestion :

  • s’il pleut et/ou qu’il y a beaucoup de vent, je choisi de couvrir Igor s’il fait moins de 10-12°C.
  • s’il fait sec mais que la température ressentie est en dessous de -5, je couvre Igor
  • s’il fait sec mais que la température ressentie est en dessous de -15 je couvre Ké

Ké (fjordxcob normand) ne semble jamais avoir froid. Et toujours trop chaud au moindre travail. Il commence à mettre son poil d’hiver en aout et à le perdre en janvier.
Igor (AppaloosaxPS) déteste le vent et la pluie (même indépendamment d’avoir froid). Il fait moins de poil (la neige fond sur son dos, l’humidité s’évapore plus vite), poil moins imperméable (le poil s’aplatit et le sous poil mouille plus vite). Il commence à perdre son poil d’hiver plusieurs semaines après Ké.

Bibliographie

1.Hoopes, K. Caring for Horses in Cold Weather. Utah State University, (2018).

2.Mejdell, C. M., Bøe, K. E. & Jørgensen, G. H. M. Caring for the horse in a cold climate—Reviewing principles for thermoregulation and horse preferences. Applied Animal Behaviour Science, (2020).

3.Meisfjord Jørgensen, G. H., Mejdell, C. M. & Bøe, K. E. Effects of hair coat characteristics on radiant surface temperature in horses. Journal of Thermal Biology, (2020).

4.Mejdell, C. M., Jørgensen, G. H. M., Buvik, T., Torp, T. & Bøe, K. E. The effect of weather conditions on the preference in horses for wearing blankets. Applied Animal Behaviour Science, (2019).

5.Mejdell, C. M., Buvik, T., Jørgensen, G. H. M. & Bøe, K. E. Horses can learn to use symbols to communicate their preferences. Applied Animal Behaviour Science, (2016).

Accordance, discordance.

 Accordance.  S’intégrer pour être considéré comme membre du groupe.

  1. Le bénéfice du troupeau est l’attention partagée. Si je m’occupe de surveiller ici, il peut surveiller là-bas, et tout le monde est plus sécure et plus en paix. 
  2. Le cheval est meilleur que moi en détection (meilleure audition, meilleur odorat, meilleures capacité de détection de petits mouvements dans l’environnement…) – je peux le laisser me dire ce qu’il faut surveiller. S’il ne détecte rien de particulier, je contribue à la veille en observant ce que bon me semble.
  3. Deux paires d’oreilles valent mieux qu’une pour identifier un danger. Si un cheval indique une source d’inquiétude (attention soutenue), alors si je contribue à l’examen de la situation, tout le monde est plus sécure. L’attention soutenue est indispensable pour identifier un problème éventuel, mais fait courir le risque de ne pas voir à temps un autre danger ailleurs. Je contribue d’autant mieux à la sécurité de tous si je suis capable de surveiller plusieurs choses à la fois. Il faut montrer une attention soutenue vers la source de danger identifiée par les autres, mais donner de fréquents coups d’œil (à défaut de coups d’oreilles) sur le reste de l’environnement.
  4. On ne doit pas rester le dos tourné au reste du monde trop longtemps. Plus l’attention est soutenue et figée, plus ça signifie que la source d’inquiétude est considérée comme un vrai danger. Une action de fuite ou d’affrontement va alors être rapidement mise en place, car il est dangereux d’avoir toute son attention focalisée sur un seul problème trop longtemps. Pour que tout le monde soit plus sécure et pour éviter une fuite générale, je peux donc aller en personne régler le problème (aller enlever et ranger l’objet qui fait peur, chasser le chien etc.…). Je peux aussi aller voir de plus près puis signaler à tout le monde, par mon comportement de relâchement (soupir, relaxation musculaire, clignement des yeux…), que j’identifie la source d’inquiétude comme finalement inoffensive.
  5. J’améliore la sécurité et le confort de tous par de bonnes initiatives, au lieu de créer des problèmes et de la tension.
  6. Boire, dormir, sont des moments de vulnérabilité. Le cheval appréciera que l’on veille pour lui à ces moments là. C’est notre propre détente (mentale et physique) qui lui indiquera que tout va bien et qu’il peut relâcher sa propre vigilance.

Discordance

  1. Être une source de tension en soi.
  2. Manquer à l’obligation de veille / surveillance de l’environnement :
  • Regarder (trop longtemps) le cheval au lieu de l’environnement,
  • Figer son attention,
  • Être perdu dans ses pensées, non présent à l’instant et à l’environnement.

3. Être mauvais en co-régulation : ajouter de la tension à la tension.

Bien être ensemble

  1. Ne rien faire, ensemble.
  2. Faire ensemble (synchronie des mouvements, partage d’une activité intéressante, surveillance)
  3. Savoir auto-réguler son état de tension personnel. Co-réguler pour aider les autre à diminuer leur propre état de tension.

Sources d’inspiration :Taming Wild (Elsa Sinclair), Signaux d’apaisement (Rachaël Draaisma),Trust Technique (James French).

Carte émotionnelle

Ressources

  • (en anglais) Brackett, Marc Permission to Feel: Unlocking the Power of Emotions to Help Our Kids, Ourselves, and Our Society Thrive. (Celadon Books, 2019).

Bottes de foin – dimensions et masse estimée

Balles rondes / roundballs

A toutes fins utiles.

Les roundballs font 120 cm de hauteur.

D’après recoupement de diverses sources – à titre indicatif

Petites bottes

Celles que j’ai en stock en 2021 : 17 kg environ par botte, dimensions 50x40x90 cm.

Les vieilles presses font des bottes plus petites, d’environ 12 kg.

Le protocole coproscopie 2021 (imparfait mais tenable)

Ce protocole m’a permis de réalise une mesure par semaine environ, en 2021. Le résultat se trouve dans l’article dédié.

S’il y a traitement vermifuge, il est fait après le prélèvement de la semaine considérée.

Prélèvement (week end)

Prélèvement en différents endroits du crottin et si possible sur plusieurs crottins (de moins de 12h) quelques grammes (à l’aide d’une fourchette).
Le prélèvement est fait à l’intérieur du crottin, pas en surface (moindre exposition à l’oxygène et aux influences extérieures).
Il est mis dans un tube Falcon 50mL, masse totale de crottin entre 10 et 20g.

Stockage
emmène au labo le lendemain. Les échantillons sont réfrigérés la nuit, mais transportés  et stockés à température ambiante en attente de l’analyse que je fais dans la journée. Le stockage est fait directement dans les tubes de préparation ne permet pas un stockage anaérobie, mais est un gain pratique très appréciable.

Analyse (lundi)
Les tubes contenant le crottin sont pesés (détermination de la masse de crottin). J’ajoute 30 mL de solution de chlorure de sodium (sel de table) saturée. J’utilise un vortex de laboratoire pour bien homogénéiser. Je fait couler le liquide directement du tube dans la cellule de McMaster.J’attends quelques minutes. Je compte sous le microscope (objectif 10x) le nombre d’œufs.

OPG = nombre d’Œufs Par Gramme  = nombre d’oeufs comptés sous une grille x100x2/masse de crottin

Remarques

Le protocole de Mc Master initial est une dilution de 1g de crottin dans 15mL de solution salée à saturation (voir par exemple la fiche coproscopie de l’IFCE).
Comme je ne veux pas manipuler le crottin une fois mis dans le tube, j’utilise la masse collectée totale « m » (entre 10 et 20g), mon échantillon sera donc « m » fois plus concentré que ce que recommande le protocole initial.
Pour arriver à l’homogénéiser dans la solution de flottation, 15 mL ne suffisent pas, mais 30mL conviennent à peu près (dilution 2x par rapport au protocole initial – le mélange reste assez dense).
La formule modifiée, donnée ci-dessus, tient compte de tout cela.

Ce protocole minimise la manipulation du crottin après prélèvement initial (moins d’odeur, moins de nettoyage, préparation plus rapide….)… en bref, cela le rend tenable dans mon emploi du temps.

Oeufs de strongles au microscope, dans cellule de Mc Master, objectif x10.

Matériel

Cellule de Mc Master Eggzamin – 31 dollars frais de port inclus.
Un microscope.
Tubes Flacon 50 mL (consommables de laboratoire).
Un vortex (équipement de laboratoire) (ça secoue les tubes pour mieux mélanger).
De l’eau et du gros sel.

Vermifugation raisonnée – L’expérience 2021

L’expérience coproscopique 2021

Comptage oeufs/gramme 2021 et vermifugations. Le protocole est décrit dans un article dédié.

Tout commence en mars 2021. J’ai repris les chevaux à la maison en juillet 2020 et suis de nouveau maitre à bord de la gestion sanitaire. La vermifugation de décembre 2020 avait donné des masses de petits strongles adultes dans les crottins, et me voilà au printemps de l’année suivante, à m’interroger sur mon planning de vermifugation. L’idée étant de ne pas emmener dans mes nouveaux parcs « propres » un sur-parasitisme acquis en pension.

Maintenant que je peux de nouveau gérer l’environnement de mes chevaux, la vermifugation raisonnée sur coproscopie reprend tout son sens. Sauf que collecter du crottin pour l’envoyer par la poste à un labo d’analyse, c’est un peu une punition. Et puis ça crée chez moi la frustration d’avoir une vision bien trop ponctuelle de la situation parasitaire. Un petit tour sur internet me fait prendre conscience que la coproscopie, par la technique de Mc Master, est tout à fait à ma portée. J’ai le microscope au boulot, manque juste la cellule de comptage. Qui au premier abord semble couter une fortune… jusqu’à ce que je découvre une version plastique (acrylique) commercialisée par la société américaine Eggzamin, qui vend sur Amazon (dont j’ai un usage minimaliste, lié au fait que parfois on ne trouve pas ailleurs).

Une fois équipée, je me dis que c’est une intéressante occasion de voir ce qui se passe au fil de l’année, et décide de me livrer à une mesure par semaine. J’ai un peu adapté le protocole pour minimiser la manutention de crottin, protocole qui semblera s’avérer satisfaisant par la suite, et qui rend tenable mon petit projet.

Premier constat en mars : le taux d’excrétion des œufs des deux chevaux est radicalement différent. Très vite, je me retrouve à vermifuger K. Au pyrantel, qui semble efficace au vu des coproscopie des semaines qui suivent. Ce n’est que trois mois plus tard, que je vermifuge I. Puis de nouveau, le taux de comptage remonte en flèche pour K, que je vermifuge au fenbendazole. Mais là, sous dosage (j’avais une version en poudre pour 500kg et pas une seringue pour 600kg) ou bien résistance, les analyses montrent que si l’excrétion a transitoirement diminué, elle remonte vite ensuite. Trop vite. Si je veux limiter la contamination de l’environnement selon le seuil des 200 opg, je dois re-vermifuger. La situation n’étant pas pour autant dramatique (aucun des chevaux ne montrera jamais aucun symptôme durant cette année 2021), je décide de prendre le temps de tester une version commerciale d’un « régulateur de parasitisme », au miel et aux huiles essentielles. C’est conseillé « à la pleine lune », et bien que je n’y croie pas du tout, je m’y tiens. Pendant ce temps-là, le taux d’excrétion continue de monter.

Le traitement donnera un effet très transitoire, avec une baisse d’excrétion à 48h mais un retour à une forte excrétion dès la semaine suivante. Je vermifuge au pyrantel 15 jours derrière, après une coproscopie de contrôle ayant montré l’inefficacité du « régulateur ». I, quant à lui, reste faible excréteur, avec une lente augmentation du taux d’excrétion à partir de l’automne. Une troisième vague d’excrétion se profile également pour K. Je vermifuge à l’ivermectine + praziquantel au 12 décembre 2021, pour éliminer tænia, gastérophiles, et faire l’inventaire de tout ce qui voudra bien sortir.  Uniquement des petits strongles adultes (vermicelles blancs), en l’occurrence. En assez grand nombre, et de manière surprenante, bien plus nombreux chez I qui au jour de la vermifugation présentait un taux d’excrétion similaire à K. L’expérience devrait se poursuivre en 2022, pour voir si la situation se stabilise à la baisse et si le parasitisme de K est dû ou non au relargage de petits strongles enkystés. Les chevaux sont sur 2,5 hectares de parcelles, exploitées en pâturage au fil avant/arrière la majeure partie de l’année (sauf hiver, pas de fil arrière). 1 à 2 passages par an sur chaque parcelle.

Bilan de l’effet des vermifugations 2021

Vermifugation 2021 – Indicateurs (maj 07/03/2022)

Vermifugation de fin d’année – bilan

Vermifugation à l’ivermectine + praziquantel de fin d’année (12 décembre 2021) :

  • objectif principal : vermifuger contre le taenia et les gastérophiles, le cas échéant.
  • objectif secondaire, voir « ce qui sort » : quantité de petits strongles, présence ou d’autre chose, en particulier de taenia.

12crottins/cheval environ, examinés, émis entre +6h et +30h après vermifugation (temps de transit estimé à 36h, j’ai pu en louper un peu, mais normalement pas trop) :

  • Uniquement des petits strongles adultes (blancs)(les larves, hématophages, sont supposées être rouges). Pas de tænia, pas de gastérophiles, pas d’autres vers (grand strongles, ascaris…).
  • Les crottins à J+30h semblent moins parasités, la majorité à donc du sortir.
  • Sur K : plusieurs crottins avec quelques dizaines de strongles visibles.
  • Sur I : la très grand majorité des crottins avec plus d’une centaine (?) de strongles visibles (difficilement dénombrable, mais « beaucoup ») dans chaque. Je ne me rappelle pas une telle quantité de vers dans les crottins par le passé, sauf fin 2020 où c’était pire (les 2 chevaux avec des centaines de petits strongles dans les crottins pendant 2 ou 3 jours).

Ce que j’ai appris

  • K est plus fort excréteur que I
  • Le pyrantel est efficace sur la souche de strongles en présence (réduction opg>98% et ERP > 6 semaines).
  • Le fenbendazole ne l’est pas (souche résistante ? Ou sous dosage non souhaité/souhaitable) : réduction <85% et ERP < 4 semaines.
  • Le « régulateur de parasitisme » au miel et huiles essentielles est inefficace : faible diminution du taux de comptage le lendemain, et remontée 1 semaine après.
  • Être faiblement excréteur (I) ne veut effectivement pas dire être moins parasité qu’un plus fort excréteur (K).
  • Aucun des chevaux ne présentait de signe de parasitisme.
  • La question de l’origine des petits strongles reste posée : désenkystement d’une contamination dans les années antérieures ou bien conditions de vie de l’année 2021 (2 chevaux, plus de 2 hectares dont la majorité n’a pas vu de cheval avant qu’on y arrive  (septembre 2020) + pâturage tournant au fil).