Zone de confort thermique (en saison froide)
Les chevaux acclimatés sont normalement à l’aise à des températures comprises entre -8 °C et +15 °C, sans vent, s’ils sont au sec.
Il faut regarder la température ressentie (qui tient compte de l’effet du vent).
Si le poil est aplati et que le cheval est mouillé jusqu’à la peau, le poil ne fournit plus d’isolation thermique.
La résistance à la pluie (le sous poil reste sec et/ou le poil mouillé reste « gonflé » et tient chaud quand même) dépend de la qualité de poil de l’individu.
La température inférieure en dessous de laquelle un cheval a besoin d’énergie supplémentaire pour maintenir sa chaleur corporelle est estimée à :
- 5 °C avec un poil d’été
- -8 °C avec un poil d’hiver.
En l’absence de vent et d’humidité, les chevaux tolèrent des températures jusqu’à -20 °C, s’ils sont acclimatés, en état, et avec un bon poil d’hiver.
Nourrir plus ?
La digestion, l’absorption et l’utilisation des céréales ne produisent pas autant de chaleur que la fermentation microbienne du fourrage. C’est la digestion du fourrage qui augmente la fermentation microbienne et garde le cheval au chaud. Le cheval devrait avoir accès à du fourrage à volonté (toujours). S’il fait froid, on verra la consommation augmenter. Nourrir « plus » revient alors à s’assurer que le fourrage est bien à volonté, et que sa qualité est suffisante (bon foin, pas seulement l’herbe d’hiver).
Recommandations usuelles
Il faut couvrir et/ou fournir un abri (et s’assurer que du bon fourrage est à volonté) si :
- Il y a un risque que le cheval soit mouillé longtemps (pluie froide, glace et/ou pluie verglaçante). Par exemple en cas de pluie de longue durée à 5°C.
- Aucun abri n’est disponible et la température ressentie descend en dessous de -15°C.
- Le cheval n’a pas de poil d’hiver ou qu’il n’est pas suffisant.
- Le cheval n’est pas acclimaté au froid et/ou s’il n’a pas passé un hiver dehors depuis longtemps.
- Le cheval n’est pas en état (pas ou peu de réserve de gras).
Le cheval doit pouvoir se coucher pour dormir, dans une zone idéalement sèche et thermiquement isolée, ou par défaut sur une zone herbeuse certes humide mais pas remplie d’eau.
Le poil d’hiver
Le cheval continuera à développer son poil d’hiver naturel jusqu’au 22 décembre (solstice d’hiver).
Les chevaux commencent à perdre leur poil d’hiver et à former leur poil d’été lorsque les jours rallongent, à partir du 23 décembre.
Une couverture avant le 22 décembre diminue la production du poil naturel d’hiver.
Sur un cheval avec un bon poil d’hiver, la neige ne fond pas et l’humidité due à la pluie met du temps à sécher, car le cheval est bien isolé thermiquement. Par ailleurs, le sous poil reste sec longtemps en cas de pluie.
Utiliser une couverture
- Vérifier qu’elle ne blesse pas (cela peut aller très vite – moins d’une journée – méfiance avec la première utilisation d’une couverture neuve).
- Vérifier fréquemment l’absence de problème de peau (parasitisme).
- Évaluer à chaque occasion sa résistance à la pluie.
- Les couvertures sans garnissage ne jouent plus leur rôle une fois gorgées d’eau (poil mouillé et aplati dessus = zéro isolation thermique).
- Les couvertures avec garnissage tiennent encore chaud, même mouillées (dans une certaine limite) mais gare aux problèmes de peau si des moisissures se développent.
- J’ai fréquemment couvert mon cheval trempé de pluie (avec couverture à garniture) sans conséquences néfastes : il sèche dessous.
- Si le cheval porte une couverture plusieurs jours consécutifs (une semaine ?), il perd son acclimatation au froid.
Les deux inconvénients majeurs sont :
- le risque de blessure
- le manque d’adaptation dynamique à de grosse variations thermiques en une même journée.
Un abri trois cotés fournit la même protection thermique qu’une couverture, tant que le cheval est dessous.
Conseil aux novices : une couverture s’accroche d’abord devant, puis les courroies de cuisses, puis les sangles ventrales. Et inversement pour l’enlever. Le plus important est l’accroche avant : c’est ce qui empêche la couverture de glisser inexorablement en arrière (péril, si le reste est attaché).
Le cheval apprécie-t-il d’être couvert ?
Medjel et all, concluent dans une étude de 2019 au protocole remarquable (ils ont demandé aux chevaux…) que les chevaux apprécient une couverture quand la météo est défavorable (ce qui correspond à mon expérience personnelle).
Conditions météo | % de chevaux préférant avoir une couverture |
-10°C (sans vent) | 85% |
+5°C (sans vent) | 50% |
+10 °C (sans vent) | 5% |
+20 °C | Aucun |
pluie à 10 °C +vent modéré (20-30 km/h) > condition courante chez moi, correspond à une température ressentie de 7°C + pluie | 80% |
pluie à 6°C + vent 50km/h ( c’est beaucoup de vent ) | 100% |
Mon choix de gestion :
- s’il pleut et/ou qu’il y a beaucoup de vent, je choisi de couvrir Igor s’il fait moins de 10-12°C.
- s’il fait sec mais que la température ressentie est en dessous de -5, je couvre Igor
- s’il fait sec mais que la température ressentie est en dessous de -15 je couvre Ké
Ké (fjordxcob normand) ne semble jamais avoir froid. Et toujours trop chaud au moindre travail. Il commence à mettre son poil d’hiver en aout et à le perdre en janvier.
Igor (AppaloosaxPS) déteste le vent et la pluie (même indépendamment d’avoir froid). Il fait moins de poil (la neige fond sur son dos, l’humidité s’évapore plus vite), poil moins imperméable (le poil s’aplatit et le sous poil mouille plus vite). Il commence à perdre son poil d’hiver plusieurs semaines après Ké.
Bibliographie
1.Hoopes, K. Caring for Horses in Cold Weather. Utah State University, (2018).
2.Mejdell, C. M., Bøe, K. E. & Jørgensen, G. H. M. Caring for the horse in a cold climate—Reviewing principles for thermoregulation and horse preferences. Applied Animal Behaviour Science, (2020).
3.Meisfjord Jørgensen, G. H., Mejdell, C. M. & Bøe, K. E. Effects of hair coat characteristics on radiant surface temperature in horses. Journal of Thermal Biology, (2020).
4.Mejdell, C. M., Jørgensen, G. H. M., Buvik, T., Torp, T. & Bøe, K. E. The effect of weather conditions on the preference in horses for wearing blankets. Applied Animal Behaviour Science, (2019).
5.Mejdell, C. M., Buvik, T., Jørgensen, G. H. M. & Bøe, K. E. Horses can learn to use symbols to communicate their preferences. Applied Animal Behaviour Science, (2016).